Braquage à la mandalorienne
Année 517, mois 8, semaine 7
Coruscant. Cette ville-monde qui ne saurait en rien accueillir le moindre Mandalorien sans braquer sur celui-ci d’innombrables canon lasers ou ioniques. Cette immense planète du noyau d’où se décide une partie du sort de toute une galaxie, et où sa classe dirigeante semble mener grand train de vie sans particulièrement se rendre compte des conséquences des jeux de pouvoirs auxquels ils appliquent tant d’énergie. Même avec son rang, Echoy ne risque pas d’être un jour invitée dans ces hautes sphères des étages les plus élevés de la planète, ou du moins le pense-t-elle sincèrement et sans regret. En l’occurrence, la voilà plutôt qui arpente les rues plus sombres et mal famées depuis son arrivée datant d’il y a quelques jours. Sans son armure, sans son casque, la jeune femme se sent comme dénudée dans cette foule grouillante et étrangère dans laquelle elle baigne. Mais elle n’a guère le choix que de passer pour ce qu’elle n’est pas afin de rester inaperçue. Il y a bien quelques chasseurs de primes originaires de Mandalore qui échouent parfois sur Coruscant, seulement les endroits qu’elle visite ne sont en aucun cas connotés pour avoir un quelconque rapport avec le travail de chasseur de primes.
Son repérage des lieux, en passant pour une simple citoyenne d’un monde qui n’est pas le sien, pire, qui a été un ennemi du sien, lui a en tout cas permis de vérifier la véracité des informations fournies par ses contacts. Une chose reste sûre : accéder aux serveurs des archives secrètes de la République ne serait pas une partie de plaisir. Mais Echoy, toute prudente puisse-t-elle paraître, aime les défis à sa mesure et celui-ci, assurément, a su lui donner des nœuds au cerveau.
Car le bâtiment, si en cette période d’absence du Chancelier, avait été quelque peu dépouillé de son système de sécurité humain habituel composé de l’élite des forces de l’ordre, restait en revanche une véritable forteresse électronique. Y entrer ne serait pas le plus difficile. S’y déplacer et en ressortir serait cependant une toute autre affaire. Les archives seraient accessibles le plus facilement en sous-sol. Dans le noyau même de la machine, le cœur du serveur, là où il est le plus vulnérable. On pourrait certes le pirater d’un autre terminal dans les étages supérieurs mais le temps nécessaire à contourner les sécurités pourrait être fatal, et ce malgré tous les talents informatiques du monde. La chef de clan avait en tout cas pu mettre la main sur des plans assez intéressants du bâtiment. Une information qui avait couté une petite fortune, mais on n’obtient rien sans rien, c’est un fait. Entrer dans un tel endroit ne saurait se faire que par des voies détournées. Et la plus grande faiblesse de l’informatique s’avèrerait son plus grand atout à elle : la ventilation.
Attablée au fond d’une cantina où la racaille qui y traine n’a pas osé casser les pieds de cette silhouette en armure, la jeune Kryze observe à travers sa visière cette populace habituée des malfrats qui trainent dans les bas-fonds. Au moins, cet endroit n’est pas inhabituel pour un Mando’ade et même les forces républicaines n’aiment pas vraiment trainer dans le coin. Les jambes croisées, son genou calé contre le rebord de la table, Echoy attend patiemment l’arrivée de sa clé. Sa meilleure carte dans le jeu dans lequel elle s’apprêtait à se lancer. Celle qui n’aurait pas trop le droit de lui faire défaut, auquel cas, toutes les deux en pâtiraient lourdement. Si la chef de clan pouvait aisément s’assurer de la façon dont elle entrerait et sortirait des archives, tout en restant en vie, c’était une autre paire de manches que d’accéder aux informations qu’elle recherche. Et donc, à cette fin, on lui avait recommandé Amanita Frey. Sa sœur de cœur, lui avait recommandé Amanita Frey. Avant de la contacter, elle s’était un peu renseignée sur la personne. Un caractère pas forcément très causant mais, au vu de la mission, ce ne serait sans doutes pas un mal. Tant que les talents sont véridiques.
Titiller l’égo s’avère souvent payant, notamment quand le travail demandé comporte un taux de danger très élevé. Mais la récompense proposée aurait pu achever de convaincre n’importe quel mercenaire offrant ses services, et apparemment, Amanita ne fait pas exception. Apercevant celle-ci qui entre dans la cantina, Echoy penche la tête sur le côté, offrant uniquement la face peinte de son casque en guise de visage. Etant la seule Mando’ade attablée dans l’endroit, elle ne devrait pas avoir besoin de lui faire signe. Pour Amanita, elle s’était présentée sous Echoy, tout simplement, ne précisant pas son clan, encore moins son nom ; moins elle en sait, mieux elles se porteraient si les choses venaient à foirer.
« Un verre avant le grand saut ? Ou nous pouvons traiter les dernières questions sur le trajet… ? », dit-elle après l’avoir saluée quand la jeune femme a trouvé sa table, redressant sa fine silhouette recouverte de plaques de métal.